Le Pape et son symbolisme ?
Le Pape (ou hiérophante), carte N° 5, renvoie, dans son interprétation la plus noble, à l’autorité spirituelle, par opposition à la domination plus matérielle et plus ponctuelle de l’Empereur. Assuré-ment, le royaume du pape n’est pas terrestre. C’est celui de la culture que peuvent donner les prêtres aux hommes. Pour faire l’analyse dans un spectre plus large, la Papesse est celle qui détient l’hindu sruti (la révélation divine) et le pape le smriti (l’éducation traditionnelle). Il a le pouvoir de la religion accessible, son’ enseignement est pratique et oral. C’est la raison pour laquelle il n’a pas besoin d’un rouleau ou d’un livre d’écriture comme la Papesse. Son enseignement est accessible, adapté au peuple, même si son savoir est ésotérique et transmissible aux seuls initiés. De la même façon, le Christ, à travers ses paraboles, s’adressait à la multitude tout en révélant à quelques initiés, ses disciples, les mystères du royaume céleste. Si l’on en croit les traditionalistes, ce personnage, dépositaire des dogmes théologiques, Maitre, porte des vêtements sacerdotaux. Son trône comporte deux montants, qui rappellent les piliers du temple entre lesquels est assise la Papesse. Il porte la couronne sacerdotale. Dans la main gauche il tient une croix à trois branches ; il lève légère-ment la main droite, deux doigts tendus en signe de bénédiction. « Le sceptre aux trois branches, dit H. T. Morley, est certainement un vestige égyptien, en relation avec le triple phallus qui représente le rétablissement d’Osiris. » Nous savons de plus par Papus que la croix à trois branches représente le triple lingam de la théogonie indienne, c’est-à-dire la compréhension du pou-voir créatif à travers les mondes divin, intellectuel et physique qui sont causes de toutes les manifestations de la vie universelle. Les deux montants qui sont dressés dans le dos de ce personnage symbolisent l’un la loi, l’autre la liberté.
Cette dualité, toujours présente dans le graphisme des cartes nous rappelle notre liberté de choix, qui nous pousse dans deux directions opposées, ce qui est l’essence même de l’individu. Nos progrès dépendent du choix que nous faisons entre ces deux voies. De chaque côté du Pape il y a des personnages. Ils sont au nombre de trois. L’un d’eux est « mouton » et les autres sont « chèvres ». Pourquoi le Pape porte-t-il des gants ornés au dos d’une petite croix de Malte ? Il faut rappeler que les gants, quand ils sont portés par le clergé, sont les emblèmes de l’honnêteté et de la pureté ; ils montrent que les représentants de Dieu ont les mains propres et ne reçoivent aucun paiement illicite, aucun don susceptible de les corrompre. Les « gants sacerdotaux », comme le rap-porte Innocent III, étaient jadis décorés d’une simple croix de Malte, entourée par un petit cercle d’or ou de métal doré. Plus loin, il nous informe que « parmi les plus anciens de ces gants, il y a ceux qui ont appartenu à saint Basile de la cathédrale d’Essen (douzième siècle) ».